Roi du bongo

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C'est le genre de fil le fun à dérouler.

Bongo Bong / Je ne t'aime plus (1998)

Deux chansons pour le prix d'une, qu'il était impensable de dissocier même si l'ensemble ne respecte pas tout à fait le parti pris francophone de ce blog. De la même façon qu'il semble un peu réducteur de penser à Manu Chao comme un artiste français (même si techniquement il l'est), tant il est citoyen du monde et que ses ritournelles transcendent les frontières et les cultures. Évidemment on ne présente plus l'album Clandestino vendu à 5 millions d'exemplaires à travers le monde, mais il y a ici une histoire à raconter à la manière du Violon rouge de François Girard.

  • Acte 1 : New York, 1939

Le trompettiste Roy Eldridge interprète sur la scène de l'Arcadia Ballroom ce morceau dans laquelle on retrouve le germe de l'histoire du Roi du Bongo Bong. À savoir, un petit singe qui ne trouve pas sa place dans la grande ville alors qu'il se sent le roi du monde (ou quelque chose comme ça). Axl Rose abordera le même thème 50 ans plus tard sur le ton de la mise en garde, même si dans son cas l'histoire est exactement l'inverse : il n'était rien avant de débarquer dans la jungle urbaine, qu'il a conquise.

  • Interlude : Londres?, 1977

Le guitariste américain Duck Baker reprend le thème en mode folk/bluegrass, restant fidèle aux paroles d'Eldridge.

  • Acte 2 : Paris, 1991

Les alter-anarcho-world-punk-grano-militants de la Mano Negra on clairement écouté suffisamment de disques pour ressortir de telles références même quand il quand ils s'ennuient et jouent la première chose qui leur passe par la tête. Le résultat, un peu bourrin, a dû être considéré suffisamment réussi pour donner le nom à l'album, même si ce n'est de loin pas ce qu'on y trouve de mieux – cette dernière préfigurant d'ailleurs les mélodies plus introspectives que livrera Manu par la suite.

  • Interlude : Montréal, 1993?

Michel Couillard tente de convaincre ses amis qu'il devrait y avoir plus de bongo dans le rock; ça n'a pas trop marché.

Entends-moi quand je viens, bébé

  • Acte 3 : Rio de Janeiro?, 1998

Suite à la rupture de la Mano, Manu Chao enregistre son premier album solo en mode anything goes. La légende veut qu'il travaillait sur un album hard techno jusqu'au moment où son Windows a planté et qu'il a perdu tout le travail réalisé sur ordinateur, ne laissant que les petites notes d'ambiance qui deviendront sa signature. (Je serais vraiment curieux d'entendre à quoi l'album pouvait ressembler avec des gros beats !) Sans doute parfois le hasard fait-il bien les choses... L'enchaînement des 4 premières pistes du disque, avec leurs arrangements minimalistes tout en textures finement travaillées, est un grand moment de l'histoire de la musique enregistrée (dommage que sur la longueur ça s'étiole un peu). La fable du roi du Bongo Bong, même chantée en petit nègre, prend maintenant une toute autre dimension en étant réinventée en chanson d'amour/rupture douce-amère.

  • Épilogue : Londres, 2006

Personne n'avait vu venir la chute : le dernier chapitre en date nous est fourni par les très francophiles Robbie Williams et Lily Allen qui reprennent le dyptique Bongo Bong / Je ne t'aime pluss avec Mark Ronson à la production. Je ne sais pas trop si c'était vraiment nécessaire, mais permet sans doute de gagner plein de points au jeu des 6 degrés de séparation musicaux.

Exercice : passer de Bertrand Cantat à Led Zeppelin avec un minimum de chansons.

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Commentaires

Opinion controversée: peut-être le Roi du Bongo de la chanson est-il Richard Feynmann, se croyant maître du monde tandis qu'à certains égards la civilisation lui est étrangère ? https://thebaffler.com/outbursts/surely-youre-a-creep-mr-feynman-mcneill
Écrit le 2019/11/30 à 22:47 par Gab
En même temps c'est un peu tricher parce que j'ai utilisé une astuce de prof de maths bien connue: construire une question spécifiquement pour aller avec la réponse que j'avais en tête... Une façon aussi de saluer l'ami Gingembre parti tapocher les nuages !
Écrit le 2019/11/29 à 22:20 par Gab
Hé Gab ! Mec... Y a vraiment que toi pour entendre ce que susurrent les dieux. En tous cas, à ce point ! Merci pour la playlist !
Écrit le 2019/11/29 à 00:51 par Nitsouga
Wow quel raccourci ! Et un clin d'oeil que seuls ceux qui ont vécu 1992 peuvent comprendre, les mots me manquent... Moi j'avais en tête un chemin nettement plus compliqué, du genre 1 - Le vent nous portera (avec petites notes de Manu Chao) 2 - Cette reprise de Bongo Bong produite par Mark Ronson 3 - L'insupportable Uptown Funk produite par le même Mark Ronson, sur lequel on entend la section de cuivres d'Antibalas 4 - Antibalas qui ont joué avec Femi Kuti 5 - Femi qui a bien dû faire quelque chose avec son père Fela 6 - Fela Kuti qui a joué avec Ginger Baker sur "Live with Ginger Baker" 7 - Ginger Baker évidemment avec Clapton dans Cream 8 - et de Clapton on arrive à Page en passant par les Yardbirds... Moins efficace mais ça fait une belle playlist ;)
Écrit le 2019/11/24 à 21:40 par Gab
Pour l'exercice, moi, j'ai vraiment triché : j'ai tapé "noir désir led zeppelin" et voilà le résultat : https://www.youtube.com/watch?v=YcnjTX6lONw Mince ! Je m'attendais pas à ce feel plantien plus que convaincant de la part de Cantat. J'ai l'droit à mon morceau d'robot ? Babou, Détroit pour Led Zep, ça dépend si tu associes Cantat au live de Detroit en 73 (du plomb fondu) ou Detroit 77 (communication breakdown...), c'est un peu three sides to every story. Mais je suis peut être un peu extrême...
Écrit le 2019/11/23 à 21:44 par Nitsouga
Je vais réfléchir à l'exercice, même si j'ai envie de tricher (exemple : mettre une chanson de Cantat quand il faisait partie de Détroit, puis un live de Led Zep... à Détroit :p) ! Sinon pour ceux qui aiment bien Manu Chao, il a fait une réédition de Clandestino pour les 20 ans de l'album, dont une reprise éponyme avec Calypso Rose (que j'aime beaucoup, et Zoé aussi, surtout Far From Home, au point de tout lâcher pour toupiller autour de la table dès qu'elle en entend deux notes). Des biz !
Écrit le 2019/11/23 à 14:06 par Babou