C'est le coup de gong du king, bong !

Philippe Lafontaine – Cœur de loup (1989)

On a déjà mentionné Coeur de loup en ces pages et je pensais que ça aurait suffi : on est tous d'accord qu'il s'agit d'un des trésors de la chanson francophone, alliant texte finement ciselé bourré d'alliérations, trouvailles langagières, jeux de mots et double entendre à une mélodie et des arrangements arrocheurs forçant à se dandiner les arrière-trains les plus réfractaires aux choréographies.

Le Belge (de Charleroi) Philippe Lafontaine fait ainsi souvent figure de one-hit wonder ultime, dont l'opus Fa ma no ni ma connut le succès planétaire au même moment où, au hasard, Paul's Boutique, Pretty Hate Machine, Bleach et Hélène (!) clouaient le bec à la décennie 80. Mais l'énergumène a fait paraître, entre 1978 et 2003, une douzaine d'albums (avec souvent la regrettée Maurane aux chœurs) qui, bien que tirés du même fût, sont loin d'avoir connu le même succès.

Pourquoi donc ce post aujourd'hui alors, s'interroge-t-on ? À cause (grâce à) une rumeur, croisée sur le net au détour d'un article peu référencé, selon laquelle Cœur de loup aurait d'abord paru en face B d'un 45 tours en 1978 avant de connaître le succès une décennie plus tard – et l'excitation de votre scribe de remonter à la source pour découvrir ce joyau brut encore dans sa gangue.

Après vérification : cela semble pure légende urbaine, issue sans doute lecture un peu trop hâtive d'une phrase genre « suite à la parution de son premier album en 1978, il lui fallut attendre 1989 pour connaître le succès avec Cœur de loup » puis relayée par quelques médias peu scrupuleux... La vraie histoire semble plutôt être que la chanson soit issue d'un marathon d'écriture (une chanson par jour, comme les Bee Gees) et qu'au 3e jour, Lafontaine créa son tube. Il nous raconte avec la simplicité et la sagesse des Belges quelques secrets de studio ; dans un EP sorti récemment sur les plateformes numériques on peut effectivement entendre le premier mix de la chanson, assez proche de la version finale mais légèrement plus funky grâce à un clavinet qui sera resté sur le sol de la salle de mixage.

Les chansons de Lafontaine font penser parfois à celles de Cabrel ou Leforestier période « exotique » (cell-ci sera reprise par la suite par System Of A Down), ou au pire à celles d'un Goldman qui aurait du talent. On a pu l'entendre récemment avec son copain Alex Mansion de Léopold Nord & Vous entonner une reprise samba de Ça plane pour moi sur les ondes belges, faisant écho à la version manouche de Cœur de loup offerte par les Lost Fingers de Québec.

Article précédent Article suivant

Ajouter un commentaire