Que découvrira-t-on quand les gens sortiront de chez eux ?

On connaît maintenant la réponse (des boulangers et des épidémiologistes amateurs, bedonnants et mal coiffés), mais Félix Leclerc propose une vision plus poétique : livrés à eux-mêmes, les gens auraient eu tout le loisir de se consacrer à de nobles activités comme la philosophie ou la musique (ou les mathématiques, comme le fit Jean Leray en Autriche pendant la guerre). La vérité, comme d'habitude, se situe en quelque part entre les deux; mais le message de cette chanson, composée en 1944, est certainement toujours d'actualité de par l'éloge qu'elle fait des plaisirs simples et sains de la vie face à l'absurdité de la bureaucratie et des bien-pensants liberticides.

On ne présente évidemment pas Félix Leclerc (dont la mémoire perdurera grâce aux panneaux sur le bord de la 40 : un poète amoureux de la nature peut-il imaginer plus bel hommage qu'avoir une autoroute à son nom ?), mais cette chanson de ses débuts, bien que figurant régulièrement dans son tour de chant, n'est peut-être pas une de ses plus connues – voir aussi cette version de 1978 avec effets sonores. En tout cas c'est grâce à elle que je sais ce que le mot contumace signifie (même si les occasions de le placer dans des conversations sont rares).

Impossible, dans ce vulgaire billet, de rendre honneur à l'importance du personnage pour la chanson (et la psyché) francophone « d'ici et d'ailleurs » (il aurait notamment été un modèle pour Brassens). D'autant que ses mélodies, chantées d'une voix approximative mais émue, bercent depuis au moins deux générations les petites pousses de la famille qui s'endorment en méditant sur les vérités contenues dans Bozo ou Le p'tit bonheur, ... Cette dernière chanson peut aussi servir à se réveiller dans la version de Groovy Ardvaark mettant en vedette la douce voix de Marc Vaillancourt de BARF, et grâce à laquelle les plus jeunes d'entre nous sont pris d'une irrémédiable envie de passer l'aspirateur.

Sur le bord de mon cœur...

Article précédent Article suivant

Ajouter un commentaire