Le monde est fou

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C'est ce qu'on en dit...

Beau Dommage – Le géant Beaupré (1974)

Comment aborder un groupe aussi important que Beau Dommage, « les Beatles du Québec » (la preuve) ? Laissons de côté les traitements systématiques (voir par exemple le reportage diffusé à Tout le monde en parlait en 2014) pour nous intéresser à un morceau un peu méconnu (à tort) de leur album parfait de 1974, dont à peu près chaque chanson est devenu un classique (phoque les évidences !).

Le vrai Édouard Beaupré a vécu de 1881 à 1904 et était atteint d'une tumeur à l'hypophyse ayant entraîné son gigantisme : il mesurait à l'âge adulte plus de 2,5 m. Sa vie est une vraie farce tragi-comique, il est baladé d'humiliation en humiliation (cirques, gimmicks publicitaires, même un combat en 1901 avec Louis Cyr, vrai homme fort, où il s'est fait ratatiner) avant de mourir de la tuberculose à 23 ans. Même après sa mort, rien ne lui fut épargné puisque son corps momifié a été exposé au département d'anatomie de l'Université de Montréal jusqu'à 1990, où on lui a finalement donné une sépulture plus digne dans son village natal de Willow Bunch, Saskatechewan.

Ce petit bijou signé Robert Léger (musique) et Pierre Huet (paroles) relate l'histoire d'un gars ordinaire, concierge dans le musée où sont exposés les restes du géant, et qui trouve dans la présence de ce compagnon d'infortune un peu de réconfort face à l'absurdité de sa propre existence. Ça permet aussi de se rappeler qu'avant de tomber dans une espèce de soupe middle-of-the-road sur la fin, le groupe savait proposer un genre de prog rock plutôt heavy et surtout parfaitement maîtrisé (voir le morceau de bravoure Un incident à Bois-des-Filion) et que Michel flybin Rivard est avant tout un guitariste – voir aussi cette relecture récente par Slater et fils qui garroche en ta.

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